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La logique managériale «face contre faveur»

Pour aller plus loin dans la compréhension du management traditionnel chinois, il faut approfondir cette relation forte, peu habituelle à nos yeux occidentaux, qui lie le collaborateur à son manager, et qui est le pivot du cadre paternaliste décrit plus haut avec ses différentes nuances et variantes. Le manager chinois a tendance à « diviser pour mieux régner »  c'est-à-dire à construire des relations personnelles « en étoile » et systématiquement différenciées avec chaque n-1. Dans l’entreprise chinoise, il est donc essentiel d’avoir de bonnes relations avec le patron pour progresser. Le salarié donne de la face (du prestige) à son patron en lui témoignant obéissance et déférence. En échange de ce « travail de face », il espère un retour sous forme de faveurs, dont la valeur est arbitrairement décidée par le patron en dehors de tous critères objectifs de mesure de la performance. Ces faveurs peuvent prendre la forme d’enveloppes d’argent (hongbao红包) en liquide dont seul le patron connaît le montant, ou de promotions, de cadeaux en nature, etc

« Dans les entreprises chinoises, si tu n’as pas une bonne relation avec le patron, tu n’as aucune chance de monter. Si tu n’es pas d’accord avec sa stratégie ou sa décision, soit tu te tais, soit tu n’as qu’à t’en aller. » - Chloé Ascencio

La logique « Face contre Faveur » implique, de la part du collaborateur, un renoncement à l’expression de son individualité au profit de « l’harmonie ». L’écart (ou «dissonance émotionnelle ») entre ce qu’il pense vraiment et ce qu’il exprime dans ses paroles et ses comportements était considéré comme allant de soi dans la société traditionnelle chinoise et a fortiori dans le maoïsme totalitaire. Cet écart est de moins en moins bien toléré par la nouvelle génération, comme le prouvent nos enquêtes auprès d’anciens salariés chinois d’entreprises locales.

C’est précisément pour échapper au management « Face contre Faveur » que beaucoup d’entre eux ayant expérimenté le management occidental et soucieux de développement personnel et professionnel ne sont plus prêts à supporter l’autoritarisme et le clientélisme des patrons chinois. Souvent ils préfèrent travailler dans une entreprise occidentale ou encore dans une multinationale chinoise processée, où leur mérite sera récompensé et où ils n’auront pas à « gérer les relations », c'est-à-dire faire un « travail de face » avec le patron.