CHLOÉ ASCENCIO
Coaching & Facilitation interculturelle
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Feedback en Asie : oser l’authenticité

Entre l’esprit critique français et l’évitement du conflit confucéen, l’écart entre les styles de communication est à son maximum. Au pays de Descartes, j’observe lors de mes formations que la remise en question n’est pas si difficile, car la critique peut s’appliquer à soi-même. Mais en Asie, la remise en question est souvent vécue comme trop dangereuse pour la Face (le Moi), alors la tentation est plutôt d’accuser l’Autre, dans une posture de déni. Car ce qui permettrait une communication plus fluide avec les Français est trop impliquant: ce serait d’oser être soi-même. En dépit d’une éducation qui prône l’inverse, au risque de revoir toutes ses croyances et valeurs, de briser l’harmonie du groupe et surtout la face du chef.

J’ai longtemps cherché comment contourner cet obstacle. Maintenant, j’évite les formations collectives où les enjeux de Face sont trop forts pour permettre des prises de conscience individuelles, au profit du coaching individuel. Le coaching collectif permet aussi les conditions du feedback en créant l’indispensable confiance interpersonnelle dont ont besoin les Confucéens (ainsi que toutes les cultures « orientées vers la relation »).

En terme de méthode de feedback, a Communication Non-Violente 非暴力沟通 (fei baoli goutong), développée dans les années 70  par l’Américain Marshall Rosenberg, me paraît un bon moyen de dépasser les questions de Face en Asie. Une fois que la confiance et les règles de co-protection ont été établies dans le groupe (ce qui prend pas mal de temps!) la CNV permet de désamorcer l’agressivité et le conflit (intolérables pour les Asiatiques) et de sortir du jugement. La grande question « Qui a tort?« est probablement le « jeu relationnel » le plus répandu sur Terre. Transformer le problème en questions comme: De quoi ai-je besoin? Quel est mon objectif? Que ressens-je? extrait les interlocuteurs de la logique de confrontation pour aller vers un objectif commun: « Quelle relation voulons-nous avoir? ». Or en Asie, ce qui fait vraiment sens ce sont:

1. les relations

2. Les sentiments.

Comme le dit l’adage « C’est par les sentiments qu’on résout les problèmes« .

Ainsi, parler Girafe » (avec le coeur 心 xin) plutôt que « parler Chacal » (avec le cerveau seul, coupé du coeur et du corps: en jugeant, évaluant, analysant) fait vraiment sens et peut devenir aussi libérateur qu’en Occident.

CNV chinoise
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