Cloisonnement et culture du secret
Dans les hôtels de Zhuhai étudiés par Kong S.H. , chaque chef de département veut absolument protéger son territoire. Chaque département peut alors être considéré comme un petit royaume dirigé par un empereur omnipotent qui exige une obéissance et une loyauté totales de ses subordonnés, et en même temps défend les intérêts du Département contre les autres services, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’entreprise. Dans ce contexte, l’organisation matricielle occidentale est perçue comme source de confusion et de chaos car les allégeances sont brouillées.
Dans la mesure où il n’y a pas de consultation des opinions des subordonnés, la circulation de l’information se fait du haut vers le bas (top-down).
Les managers chinois ont tendance à pratiquer la rétention d’information et se cantonnent souvent à la formulation d’intentions vagues : ils ne dévoilent pas clairement la stratégie, ni l’objectif, ni les critères de performance. - Chloé Ascencio
Même dans les entreprises occidentales implantées en Chine on retrouve cette tendance typique des managers chinois :
« Notre Directeur Général taïwanais centralisait toute l’information, ce qui nous obligeait à passer par lui pour savoir ce qui se passait dans l’entreprise. Il attendait de nous qu’on le suive sans discuter, mais on ne savait pas très bien quels étaient nos objectifs individuels. (Le directeur de production américain de Emerson China)
Cette communication allusive, que ce soit à l’oral ou à l’écrit, laisse beaucoup de place à l’interprétation par les subordonnés et par le superviseur. Les subordonnés se voient contraints de deviner ce que le patron veut vraiment :
« Pour être un bon subordonné, une compétence-clé est d’être capable d’utiliser votre « wu » (悟), votre perspicacité pour deviner l’intention du patron »
« Mon manager dit une chose le matin, et son contraire l’après-midi. Il aime changer d’avis car il veut nous montrer qu’il a le pouvoir. En fait cette incertitude nous gêne beaucoup car on ne sait jamais si on a bien fait ou non. »